jeudi 16 juin 2011

Les idées tiennent à un cheveu

Tribune de Genève (Jeudi, 9 Juin, 2011)

Etienne Dumont






        "Ce vieux plateau de chêne vient de Belgique", explique Christophe Durand. L'homme caresse le bois humanisant l'immense salon de coiffure qu'il vient d'ouvrir rue de l'Arquebuse. Le Bal des Créateurs ne doit surtout pas ressembler à une clinique pour cheveux. "Ces planches un peu usées donnent l'idée d'une table d'hôte."
        Christophe Durand, les aficionados de la mode le connaissent depuis belle lurette. Il suffit de tapoter Internet. Il n'y a pas que christophedurand.com pour dire du bien de lui. Barbara Polla ne tarit pas d'éloges sur celui qui a trouvé son "look" actuel, court et ondulé. Et, comme le monde est petit, le Français a repris sa galerie, Analix, pour en faire un espace voué non seulement à la bouclette, mais à diverses expressions. "Je vais installer un bar de jour, une galerie, librairie. Je prévois aussi un journal en ligne."
        Mais commençons par le début. Avant de devenir l'homme des fêtes genevoises et des cosmétiques internationaux, Christophe a grandi entre la Haute-Savoie, le Midi "et les Antilles en voilier". L'homme se présente comme un cocktail tchéco-franco-argentin, "ce qui se faisait peu à l'époque". Pas fortuné pour autant. "Mon père n'avait pas les moyens de me financer des études". Comme mon interlocuteur se sentait attiré par la scénographie, le théâtre et le déguisement, il devait faire simple. "J'ai commencé un apprentissage de coiffeur". 

Coup de foudre à Genève

        Il lui fallait ensuite grimper les échelons. Tout a débuté par Hans Look. "Il dirigeait une structure à la parisienne dans Annecy". Puis est venue Marianne Gray dans la capitale. "Elle m'avait subjugué par ses créations". La marche suivante sera, toujours à Paris, Jean-Marc Mariatis. "Quelle école! Ses salons sont dirigés militairement."
        Et Genève? Nous y arrivons. "Je viens y voir un ami. Et je tombe amoureux". Je vous rassure. Ce n'est pas de la ville, mais de quelqu'un. "Il fallait que j'y reste après avoir trouvé un travail, quitte à l'inventer". Christophe Durand ouvre Parallèles, passage Longemalle. C'est le succès. Il faut agrandir. Il se retrouve en Vieille-Ville. "J'occupais treize personnes". Cela ne lui suffit pas. Après un voyage en Inde, notre ami veut y fonder des orphelinats. Il crée à Genève le bureau Evénements. Des soirées en généreront les moyens. "J'ai organisé des nuits à La Praille, loué l'aéroport ou attiré 12 000 personnes à l'Arena, ce qui n'est tout de même pas mal". Ajoutez encore un travail dans le magazine Profil Femme. "Il m'a donné envie de créer le mien. Je l'ai intitulé Icôn". Une revue au papier hyperglacé, "oú les choses s'exprimaient  à travers l'image".

Redoutables égéries

        Christophe met ensuite un terme à sa vie genevoise. "Je me suis fait repérer". Notre homme crée des produits cosmétiques pour Bourjois et Chanel. "J'ai participé au développement de la marque Une comme make-up directeur". C'est l'enchaînement, "j'ai passé de TAG Heuer à Chopard, puis à Zenith". Tout cela pour mettre en valeur des égéries féminines, "dont j'ai fini par avoir assez". Les stars ne sont pas aussi excitantes que le public l'imagine...
        Une pause s'imposait. "J'avais gardé beaucoup de racines genevoises". Et puis, "c'est une ville à taille humaine, dynamique mais sans agressivité, oú j'avais donné le meilleur de moi-même." D'oú Le Bal des Créateurs." Avec tout à reprendre, en débutant par la formation d'une équipe". Financé avec des fonds propres, ce qui libère, le lieu s'anime. Aujourd'hui entrouvert, il comportera une librairie, "pour des magazines de niche" (comprenez par là sur des sujets pointus). Des expositions, "avec comme base la photo". Une partie événementielle. "Des défilés, des happenings, des vernissages". Et bien sûr une partie beauté. "Le maquillage surtout!". Un magazine, enfin, on vous l'a dit. "Il s'appelle zebulemagazine.com ". Merci.
        Et quand le tout sera-t-il au fait opérationnel? "Début septembre".


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire